Anouk Aimée

 

 

Cette semaine, je me suis dit que j’allais faire un petit effort sur le style vestimentaire, mettre des talons qui font plus de beau que de bruit, un pantalon digne de ce nom, faire un brushing le samedi après-midi chez la coiffeuse, l’entretenir un jour ou deux, assortir la couleur de mon sac à celle de mes boucles d’oreilles ( la classe à l’algérienne) et me pointer au travail comme il se doit.

 

C’est raté.

 

Pourtant samedi, à 15h, je suis allée chez la coiffeuse. Y avait foule, c’est le jour des abonnements. J’envie les filles qui peuvent tenir toute une semaine avec un brushing. Moi je fais partie de la race des nanas, qui au bout du deuxième jour, n’en peuvent plus et courent sous la douche.

Racine grasse, pointe sèche, la grande vie.

J’attends mon tour avec patience et jalousie, je lis Dzeriet, y a un article sur la sodomie dont on m’avait parlé y a deux ans. C’est profond, qu’on m’avait dit.

Facile.

 

Avec ma coiffeuse, on on a mis du temps à trouver un terrain d’entente sur ce que signifient les mots. Pendant longtemps, on a mal communiqué et j’ai casqué.

Quand je disais « je les veux légèrement ondulés», elle me coiffait comme si j’allais à un mariage, ou à une fête chez rabbie jacob.

J’avais toujours un peu honte en sortant. Je savais que les gens que je croisais savaient exactement d’où je venais, c’était chiant.

 

La coiffeuse, elle répète toujours et pour toujours la même interrogation : « à l’intérieur wella à l’extérieur?».

Euh , j’ sais pas, ni l’un ni l’autre, y a que ce choix-là dans la vie d’une fille?

Je répondais « raide, mais naturel, tu vois».

-Ok, ok, rani nchouf, genre flou. 

-…. mmmm oui! 

 

Résultat: Je ressemble à Dora l’exploratrice.

Sexy.

(Se méfier de l’usage du terme flou par une coiffeuse. Se méfier également du concept de chignon romantique. Alors que cette expression vous fait visualiser une coiffure bohémienne-chic, la coiffeuse aura l’art et la manière de vous rapprocher d’une nana déguisée en perroquet.)

 

 

Le summum de mon incompréhension étant arrivé le jour où elle m’avait demandé: « bombé?»

Je savais pas exactement ce que ça voulait dire, mais ça avait l’air bien. Ca sonnait comme bombe sexuelle.

J’ai dit oui, bombé, pourquoi pas, au pire ça débombera.

 

En fait, bombé = champignon.

Et ça débombe pas non.

 

J’en passe et des plus belles, et au bout de deux ans, on a enfin réussi à s’entendre.

J’ai fini par trouver la phrase magique : « je suis pressée, dirili berk mise en forme, vite vite».

Les jours où elle traine et qu’elle repasse cinq fois le séchoir sur une pauvre mèche ( sérieux, elles ont besoin de s’acharner autant ?)  je lui dis que mon père m’attend et qu’il faut vraiment qu’elle se dépêche.

La peur du paternel, ça marche à tous les coups.

 

Ce qui s’apparente pour elle à une simple et rapide mise en forme équivaut en réalité à un brushing juste ce qu’il faut, avec les oreilles presque pas brulées.

Satisfaction.

 

Quand je pense qu’en France, elles tirent à peine, à température tiède, et elles te demandent d’une voix super mielleuse et super insupportable : « ça va je ne vous fais pas mal ? c’est pas trop chaud ?», t’as envie de rire.

Quand tu passes à la caisse par contre, tu rigoles moins.

 

Bref, je suis là à parler de cheveux, et à me demander pourquoi je me prends la tête à faire des brushings, puisqu’ils finiront attachés et lavés deux jours après. Hein pourquoi ?

Là où j’en suis , je n’arrive plus à m’arrêter de parler de cheveux, encore un peu et je remonte à  l’adolescence (noooooooooooooooooooooooo cauchemaaaaar).

 

Allez, on est au jour 2, je n’ai tenu aucune de mes résolutions, et je viens de perdre tout le lectorat masculin de ce blog.

Pour me rattraper, la prochaine fois je vous parlerai de mon esthéticienne, y aura des histoires de nanas à poil, promis.

 

 

 

Mamzelle Namous